Le Cheval de Przewalski

 

INTRODUCTION

         C’est en Amérique que le cheval vagabonda pour la première fois. Un million d’années avant l’apparition de l’homme, des hardes broutaient déjà l’herbe dure des vastes plaines, avant de se répandre sur d’autres continents par des ponts de pierre, bientôt coupés par le retrait des glaces. Le cheval connut l’homme comme une proie connaît le chasseur, car longtemps avant de voir en lui un allié pour tuer d’autres espèces, ce dernier le chassa pour consommer sa chair. C’est donc depuis le néolithique que le cheval fut domestiqué.

         Le cheval qui a été en premier lieu une source alimentaire pour l’espèce humaine, fut le bras droit de ce dernier dans un second temps. En effet, le cheval nous fait don de sa force dans notre conquête des nations, dans le transport de matériaux lourds comme dans le transport humain, dans de nombreux travaux de labeur (tirer les péniches,…)… Le cheval a été un pilier dans l’évolution de l’espèce humaine. Cet ongulé fait donc l’objet de nos jours à de nombreuses études éthologiques afin de mieux le comprendre. Et dans le but de pouvoir l’éduquer, en respectant sa nature, et sa façon de raisonner.

         Le plus beau des animaux étant celui à l’état sauvage, nous allons approfondir l’éthologie du dernier cheval sauvage au monde : le cheval de Przewalski.

 cheval de prezwalski au galop

 

 

Première Partie :

« L’évolution du cheval : de son origine à nos jours. »

 

1/ historique:

L’ancêtre le plus lointain du cheval se nommait Hyracotherium, ce petit herbivore appartenant à l’ordre des périssodactyles vivait sur le continent Nord Américain, il y a 55 millions d’années. Cet animal avait la taille d’un chat, ses membres se terminaient par des sabots avec quatre doigts à l’avant (pas de pouce) et trois doigts à l’arrière (ni pouce, ni cinquième doigt latéral), l’axe des membres, dits pour cela « mésaxoniens », passait par le troisième doigt, le plus développé. Il broutait les arbres des forêts dans lesquelles il vivait. Puis, les forêts se sont métamorphosées en pâturage. Les chevaux se sont adaptés à ce nouveau milieu : leurs membres se sont allongés, la taille des doigts latéraux à diminuer, et ils ont commencé à se déplacer sur leur troisième doigt, acquérant ainsi des dispositions pour la vitesse.

 

Le premier cheval de l’époque moderne : Equus simplicidens possédait un ongle très développé : le sabot. L’Equus simplicidens quitte l’Amérique du Nord grâce à un pont terrestre pour migrer vers l’Asie, l’Europe puis l’Afrique du Nord. Une fois domestiqué, il a été réintroduit dans l’espace qui l’avait vu naître.

La morphologie des chevaux peuplants les régions froides du Nord de l’Europe s’est adaptée au climat et leur taille à augmenter. Tous ces chevaux sont à sang froid comme les Belges ou les Ardennais. Au 18ième siècle, croisés avec d’autres chevaux à sang froid, ils ont donné naissance aux Cleydayds d’Ecosse, aux Frisons,…

        Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord apparurent les chevaux à sang chaud, dont le plus ancien est l’Arabe, plus petit, plus léger, merveilleusement adapter à la vie dans les déserts. Le croisement de race à sang chaud et de race à sang froid a donné naissance à des demi-sangs comme le Hollandais. La majorité des chevaux de selle et des poneys sont des demi-sangs. Il existe toute une variété de couleur de robe : le palomino, l’apalusa et le pinto. Leur façon de se déplacer s’appelle l’allure : marche ou pas, le trot et le galop. Le trot permet de parcourir une distance très importante sans perte d’énergie. Le cheval de Przewalski est le dernier cheval sauvage au monde (tous les autres chevaux « sauvages » (mustangs américains, chevaux camarguais, pottocks pyrénéens) sont en fait issus de races domestiques retournées à la vie libre). En voie d’extinction à l’état sauvage, des chevaux de Przewalski élevés en captivité ont récemment été relâchés en Mongolie. Les autochtones les appellent les takhy. Ces takhy possèdent des rayures dorsales que l’on nomme raies de mulet, des zébrures sur les membres et une crinière droite (cf. annexe 2).

En 1879, un convoi insolite de chameaux traverse les immenses étendues de Sibérie et de Mongolie; à sa tête, un officier russe, explorateur d’une quarantaine d’années: Nikolaï Mikhailovitch Przewalski. Le convoi atteint la périphérie de désert de Gobi, et le temps est clair. Au loin, Przewalski repère un troupeau d’animaux. Même si leur robe est dans les tons beige, il les prend d’abord pour des ânes. D’une taille plus imposante que ceux qu’il connaît, sans doute d’une race inconnue également, mais pour des ânes tout de même. Un premier diagnostic que l’explorateur ne révise pas après s’être habitué à la présence et à l’apparence de l’animal. Intrigué, il apprend que les Mongols lui ont donné le nom de « Kortakh ». Or, que signifie se suffixe « Takh » dans leur langue ? Rien d’autre que « cheval sauvage »…

Tel Colomb posant le pied pour la première fois sur le nouveau Monde, Przewalski est encore loin d’imaginer qu’il vient en toute simplicité de découvrir les représentants vivants d’une forme ancestrale de nos races actuelles de chevaux.

 

2/ le cheval de Przewalski:

C’est une espèce en péril. En effet, ces équidés de petite taille, 1.25m à 1.45m au garrot, sont les ultimes représentants d’authentiques chevaux préhistoriques! Leur queue est sombre comme la partie inférieure de leurs membres et à la crinière, bien dégagée sur le front. Les contours de leur bouche sont au contraire extrêmement clairs. On leur attribua le nom de celui qui les avait découvert, et l’histoire se serait arrêtée là si le cheval de Przewalski n’avait été, suite à cette découverte, victime de sa renommée, toute fraîche malgré son vieil âge. Au milieu du XXième siècle, le constat est en fait terrible : en à peine plus de cinquante années, l’espèce a été presque entièrement décimée. Décédé en 1888, Przewalski n’a pas eu le temps d’assister au massacre, sinon peut être aurait-il regretté sa découverte… Toujours est-il que depuis les années 50, l’espèce est considérée comme éteinte à l’état sauvage : aucune bête en liberté n’a été observée dans les steppes mongoles ces quarante dernières années… Ne subsistent en fait qu’un millier d’individus répartis sur 120 sites d’élevage, parcs ou jardins zoologiques sur quatre continents. Tous sont issus de treize spécimens capturés en Mongolie au début du siècle. On tente désormais de réintroduire quelques spécimens dans la province chinoise d’Urumtsi, proche de la Mongolie, où ils vivent dans une zone protégée en semi-liberté.

Ces chevaux ont comme signe particulier de posséder 66 chromosomes au lieu de 64 chez le cheval domestique actuel. 

Nom scientifique:  Equus przewalskii

Catégorie : mammifères

Ordre : périssodactyles

Famille : équidés

Origines : très ancienne, cheval préhistorique vivant autrefois en Europe et en Asie , traces retrouvées en Allemagne datant d’il y a 700 000 ans.

Taille : 1.25 m à 1.45 m au garrot.

Longueur : 2.10 m

Poids : 250 à 350 Kg

Tête : longue et lourde, de petit yeux très hauts amplifient l’impression de longueur , profil rectiligne et convexe.

Corps : assez court , encolure courte et large , croupe oblique.

Jambes : portent des châtaignes (callosités de la face interne des membres), canons courts, sabots plats, gros, étroits et très durs.

Robe : couleur isabelle, crinière courte et hirsute, mais pas de toupet, jambes noires, parfois zébrées, il y a en outre une raie de mulet bien nette.

Queue : assez longue, environ 90 cm, crin noir grossier sur la partie inférieure.

Caractère : ardent et farouche.

Répartition : autrefois en Asie centrale et en Europe, aujourd’hui en Mongolie centrale.

Régime alimentaire : herbivore.

Reproduction : vivipare.

Nombre de jeunes : 1, rarement 2.

Longévité : environ 20 ans.

Effectif : 1000 en captivité, dans les zoos ou certaines écuries privées.

Statut : espèce en danger.

Signe particulier : présente 66 chromosomes au lieu de 64 chez le cheval domestique actuel.

 

 

Deuxième Partie :

« L’éthologie du cheval sauvage : Equus przewalskii. »

 

1/ la  systématique:

            classe : mammifères

            ordre : périssodactyles

            famille : équidées

            genre : Equus

            espèce : Equus przewalskii

  nom vernaculaire : cheval de Przewalski

 

2/ Sa structure sociale:             

Le cheval est un animal grégaire vivant en troupeau ou en harde avec une organisation sociale qui lui est propre.

        La structure sociale des chevaux est composée d’un étalon dominant, de juments (3 ou 4) et de leurs progénitures : cette structure est appelée harem. Une fois celui-ci formé, il est rare que l’étalon cherche d’autres juments.

        Il existe des troupeaux composés de mâles ne possédant pas de harem, et ils ont une structure sociale aussi précise. Leur hiérarchie s’impose par de petits détails. En effet, le mâle ayant une position hiérarchique plus élevée pénètre dans l’eau le premier, se roule dans l’herbe le premier, boira l’eau le premier et pansera l’autre. Sa vitesse à accéder à un poste hiérarchique élevé influera sur sa capacité à trouver un harem.

         Les expériences pour mettre en évidence les relations sociales entre les membres du groupe ont été réalisées de la façon suivante :

        L’hypothèse de travail est l’étude des comportements de relation au sein d’un groupe de chevaux lors de la séparation d’un des congénères, puis de la réintroduction dans le groupe de chacun des chevaux à tour de rôle. Pour cela, on utilise un groupe de cinq chevaux en liberté dans une prairie.

        Seuls les comportements offensifs (type et fréquence) sont relevés par plusieurs observateurs après la sortie du groupe, puis après la réintroduction dans le groupe de chacun des chevaux.

        Chaque observateur (par groupe de deux) note sur une période de temps donnée tous les comportements offensifs préalablement déterminés (répertoire de départ) de chaque cheval au sein du groupe. Qui a menacé qui ? Comment ? Combien de fois ? La méthode focale repère donc le comportement d’un seul cheval à la fois par des observateurs différents sur une période de temps déterminée et dans un contexte inhabituel.

        Une liste des comportements offensifs à observer est préalablement établie, chaque comportement étant identifié par un numéro pour en faciliter le relevé écrit.

Code

comportement observé

0

Aucun

1

Menace de la croupe

2

Oreilles baissées

3

Menace d’un postérieur

4

Ruade

5

Charge

6

Coupe de tête

7

Morsure

8

Taper de l’antérieur

Les résultats se présentent sous la forme d’un tableau croisé qui est établi avec le nom de chaque cheval en abscisse et en ordonnée.

 

A

B

C

D

E

A

X

-

-

-

-

B

-

X

-

-

-

C

-

2

X

14

3

D

-

0

111

X

-

E

-

1

1

-

X

Dans chaque case du tableau sont mentionnés les types (numéro de répertoire) et la fréquence des comportements offensifs, à la sortie du cheval A dans cette exemple. Les comportements des chevaux dont le nom figure en abscisse envers un autre cheval (nom en ordonné) est notés dans la case correspondante. Dans cette expérience le temps de sortie du cheval A est de vingt minutes.

Conclusion : on constate que les comportements offensifs se marquent particulièrement vers le cheval C.

A partir de ces données se déduisent des sociogrammes (organisation sociale du groupe) :

Le sociogramme de sortie ne montre aucune interaction offensive des chevaux C, D, E vis à vis du cheval B. Le nombre d’interaction offensives est principalement entre les chevaux C et D. A la réintroduction du cheval A dans le groupe, les réactions offensives sont uniquement du cheval C vers D et du cheval E vers A.

On aperçoit ainsi que créer un changement d’environnement au sein d’un groupe et analyser ensuite les comportements des chevaux est un moyen d’apprécier au mieux le tempérament de chaque cheval ainsi que les interactions sociales du groupe. Changer l’environnement met donc les chevaux dans des conditions « inhabituelles » qui permettent de mieux les connaître pour alors évaluer leur émotivité, déterminer leur statut hiérarchique, repérer la distribution des espaces entre eux, rechercher les rituels,…

        Cette expérience n’a pas été réalisée sur les chevaux de Przewalski. Mais, au parc des Cévennes, là ou se trouvent trois harems de cette espèce dans le but du programme de réinsertion à la vie sauvage, les éthologues les ont observés depuis une dizaine d’année et constatent que les chevaux de Przewalski sont un peu plus agressifs que d’autres espèces de chevaux « sauvages ».

Chez les êtres vivants, toutes les structures et tous les comportements ont une utilité, et vivre ensemble, en groupes sociaux, présente beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients par rapport à la vie en solitaire. En effet, dans son troupeau, le cheval recherche la sécurité face aux dangers et donc généralement vis à vis des prédateurs. En effet, les autres chevaux contribuent à diminuer la peur du danger. En prairie par exemple, le cheval seul en train de paître doit régulièrement s’interrompre pour examiner l’environnement qui pourrait présenter un danger. Par contre, si le cheval se nourrit dans un troupeau, il n’a pas à le faire aussi souvent et peut alors passer plus de temps à se nourrir et garder une certaine quiétude, ce qui entraîne une meilleure satisfaction des besoins nutritionnels de chaque individu. Mais, elle pose aussi aux animaux un certain nombre de problèmes, tel qu’une compétition incessante pour des ressources limitées comme la nourriture ou les partenaires sexuels.

    C’est pour cela que s’est développée au fur et à mesure de l’évolution la hiérarchie de dominance, également appelée ordre hiérarchique ; grâce à elle, les comportements agressifs sont en grande partie remplacés par des mécanismes sociaux plus évolués se manifestant par un langage corporel tel que les menaces ou les parades. A l’état naturel, chaque animal occupe sa place dans les degrés divers de la hiérarchie ; c’est une existence relativement paisible, et si le dominant est solide et conséquent, l’harmonie règne parmi ses subordonnés. Tous ceux qui sont sous son autorité sont apaisés par sa force et sa cohérence, et éprouve peu le besoin d’exprimer de l’insécurité par des attitudes hésitantes ou craintives. En effet, toutes les caractéristiques permanentes de l’environnement sont acceptées sans problème par les dominés à partir du moment où  elles sont acceptées par le dominant. Un cheval bien intégré est un cheval ayant des habitudes claires, solides et cohérentes. La position qu’il occupe dans la hiérarchie importe réellement fort peu au cheval, mais il lui est par contre extrêmement important que cette position soit clairement définie. Il est parfaitement satisfait d’être sous l’autorité d’un dominant dont le comportement est clair, sans équivoque et conséquent, mais le sera beaucoup moins s’il ne sait pas vraiment qui est le dominant parce que l’autorité de ce dernier est faible et intermittente. Quand deux chevaux donnent l’impression qu’ils sont en train de devenir égaux, des comportements conflictuels ne tardent pas à émerger ; les animaux deviennent anxieux et commencent à manifester des comportements dominants afin de sortir de l’impasse. Ces comportements vont en s’intensifiant, passant des gestes aux menaces, pour finalement déboucher sur des comportements agressifs. Selon les résultats obtenus, le challenger peut soit continuer à défier son adversaire, soit accéder à une nouvelle position hiérarchique, soit battre en retraite. La paix réelle ne pouvant régner de nouveau que par le retour à une hiérarchie structurée. Donc, à tous égards, l’égalité dans l’ordre hiérarchique est étrangère au cheval et est pour lui une source d’anxiété. C’est pour cela que les poulains et les pouliches sont expulsés du groupe vers l’âge de deux ans. Avant cet âge, ils bénéficient de la protection des adultes. Ensuite, les jeunes étalons vont rejoindre un groupe de mâles et les jeunes juments sont immédiatement acceptées par un autre étalon.

S’il y a conflit de territoire entre deux harems, les revendications territoriales passent en priorité sur les autres conflits du groupe, telles que les revendications familiales. Les mâles dominants des deux harems opposés s’affrontent. Et le perdant adopte une posture de soumission en baissant la tête signifiant à son harem qu’il faut quitter la zone.

Quand les animaux ont grandi ensemble, ils forment des hiérarchies si subtiles que l’on pourrait croire qu’il n’y a pas de hiérarchie. En fait, elle existe bel et bien, mais n’est exprimée que par des attitudes et des gestuelles extrêmement discrètes. Les hiérarchies sociales ne sont de toute manière jamais définitives, et en tout existe une prédisposition innée à tester le système pour tenter de progresser dans la hiérarchie ; ceci est particulièrement manifeste chez les juments. Les avantages qui leur sont apportés par une amélioration de leur statut social sont évidents : plus leur rang hiérarchique est élevé, plus elles ont un accès facile aux meilleures ressources alimentaires et à l’étalon. Les juments dominantes ont donc plus de chance d’être saillies les premières et de pouliner plus tôt le printemps suivant, offrant ainsi à leur poulain les meilleures conditions possibles pour sa croissance. Les juments dominantes ont tendance à produire des poulains dominants, simplement du fait de la protection qu’elles leurs procurent : ils peuvent ainsi avoir des expériences précoces d’invasion de l’espace personnel d’autres chevaux en toute impunité, et ont donc l’avantage de pouvoir débuter leur vie dans les sommets de la hiérarchie.

        Ce système flexible, qui permet aux individus d’évoluer dans l’échelle de la hiérarchie en fonction de leurs qualités propres, facilite grandement l’adaptation évolutive des animaux à leur environnement. En effet, il favorise à travers la sélection naturelle les caractéristiques de la dominance, entraînant ainsi la formation et la préservation de populations animales solides et robustes.

Une des particularités importantes de la dominance chez le cheval est qu’elle ne dépend pas de la taille du corps, mais de facteurs physiques internes tels que la vigueur et la robustesse, et de facteurs psychologiques tels que le souvenir de réussites et des échecs du passé et qui a été le premier occupant de la parcelle de terrain disputé. Les démonstrations de dominance peuvent avoir lieu en cascade, débutant au sommet de la hiérarchie : le dominant attaque son inférieur hiérarchique immédiat, puis ensuite attaque le subordonné de ce dernier et ainsi de suite. Ce phénomène est nommé agression redirigée et se produit dans toutes les hardes de chevaux. Mais il est susceptible de survenir dans une population instable ou en nombre artificiellement faible, comme par exemple une paire de chevaux : l’un d’eux est continuellement dominé et le second s’en prend à autre chose avec une grande férocité, cette autre chose pouvant être un animal ou une personne.

Un autre aspect de l’évolution du cheval affecte l’organisation de la hiérarchie de dominance : il s’agit de leur prédisposition naturelle à sélectionner les herbes et les grains ayant la plus haute valeur nutritive. Il est important que le cheval ait développé au cours de son évolution un goût fin; il peut ainsi détecter et sélectionner ces herbes dans lesquelles la sève monte au début du printemps, et donc bénéficier le plus tôt possible de l’augmentation de leur niveau nutritionnel qui se produit à cette époque. La tendance bien connue à modifier leur comportement que présentent de nombreux chevaux à ce moment de l’année est liée à cette augmentation générale au niveau nutritionnel des végétaux; le cheval en devient plus fringant, mais cela peut aussi aller jusqu’au point de le rendre dominant et bagarreur. Cette augmentation de la dominance facilite elle aussi l’adaptation au milieu naturel : elle permet aux chevaux les plus robustes, ayant le mieux choisi et assimilé leur nourriture, de progresser dans la hiérarchie, et favorise ainsi la reproduction des animaux reprenant rapidement du poids et des forces après les temps difficiles et sous-alimentés de l’hiver. Le corps du cheval est adapté à ces fluctuations importantes de l’énergie emmagasinée.

         Le concept de soumission est donc directement lié à l’ordre hiérarchique et à l’obéissance. Et du fait de cette structure, les chevaux supportent mal l’isolement.

 

3/ le langage corporel:             

        Les chevaux apprennent dès leur naissance que la tête en position basse est associée au calme et à la soumission, que le balancement de la tête d’un coté puis de l’autre est signe de menace et qu’en position élevée elle l’est à la peur et à l’adrénaline. La posture entraîne l’adoption du comportement et réciproquement. Il faut environ 30 secondes pour atteindre la relaxation à partir du moment où le cheval a abaissé la tête, même s’il venait auparavant d’avoir une montée d’adrénaline. Les immatures après avoir provoqués leurs aînés tentent de se faire pardonner en claquant des dents en signe de soumission. Les oreilles du cheval sont très expressives, et révèlent souvent l’état de son humeur. En outre, les équidés ont la capacité de ne faire bouger qu’une oreille à la fois.

        Les différentes positions et significations sont :

                 Ø vers l’avant: cheval attentif ou curieux, confiant

                 Ø vers l’arrière: cheval mécontent, agressif, menaçant

Ø couchées, mais sans manifestation d’agressivité: manifestation de la douleur

Ø dressées: cheval sur le qui-vive, prêt à fuir ou à se rassurer selon la nature de ce qui a éveillé son attention

Ø en mouvement perpétuel: cheval inquiet, cherchant le maximum d’information sonore dans son environnement

                  Ø pendantes: cheval qui fait la sieste

                  Ø une devant, une derrière: cheval qui réfléchit ou qui hésite.  

L’organisation sociale dans un troupeau totalise l’ensemble des relations sociales entre ses membres. Hiérarchie au sein d’un groupe, rapport de dominance, amitié, parade nuptiale, territorialité… sont des exemples de relations sociales. Parmi celles-ci, le respect de la distance entre les membres du troupeau n’est pas dénué de sens. En troupeau, malgré leur très forte tendance au grégarisme, les chevaux ne se tiennent pas à proximité les uns des autres. Généralement, ils gardent entre eux une distance individuelle, minimum de plusieurs mètres. C’est la distance à laquelle un cheval provoque l’agression ou l’évitement d’un autre cheval. Chaque membre du groupe maintient donc autour de lui un espace de sécurité où aucune intrusion n’est acceptée. Contrairement à certaines espèces animales qui cherchent l’entassement et le contact physique, le cheval fait partie d’une espèce animale sans contact physique, respectant entre eux une distance minimale. C’est une distance individuelle ou « bulle » invisible et aux formes irrégulières qui entoure le cheval. C’est une sphère protectrice que le cheval crée autour de lui pour s’isoler des autres. Cette distance personnelle varie. En effet, elle diminue par exemple en présence d’un danger commun. De plus, les chevaux dominants ont généralement une distance personnelle plus grande que ceux qui occupent une position inférieure dans la hiérarchie sociale. L’endroit de groupement des chevaux influence également, surtout lorsqu’il y a compétition pour un abri, un point d’eau, de la nourriture. La présence de nouveaux congénères inconnus entraîne une agression plus violente que vis à vis des partenaires du groupe. Au moment de l’accouplement, la distance individuelle d’attaque ou de fuite doit s’estomper pour permettre le rapprochement des partenaires, ce qui explique les parades préalables pour apprendre à se reconnaître.

        Le cheval fait respecter sa distance personnelle soit par des avertissements menaçants dont les plus fréquents sont :

        Ø des mouvements accélérés de la queue,

        Ø des esquisses de morsures,

        Ø la présentation de la croupe,

        Ø la ruade,

        Ø la levée d’un antérieur,

        Ø l’abaissement de l’encolure avec les oreilles couchées en arrière

        Ø ou la fuite.

        Ces réactions sont intentionnelles et sont destinées à faire comprendre à l’autre que s’il ne respecte pas les distances, il risque la bagarre. Généralement, le cheval menacé se soumet en s’écartant ou en fuyant ce qui déclenche parfois la poursuite.

        Toutefois dans un troupeau, existent aussi des préférences ou un compagnonnage sélectif entre certains chevaux qui montrent qu’ils s’acceptent en toute sécurité. Pour ces chevaux « amis », la notion de distance individuelle est alors abolie. La proximité est acceptée, voire même souhaitée. Elle peut se manifester par une série de comportement :

Øces chevaux se caressent, se grattent, se mordillent à la recherche d’affection, de contact et de sécurité ;

Ø ces chevaux ont des gestes de toilettage mutuel pour manifester leur   amitié ;

        Ø ces chevaux se flairent, se soufflent mutuellement dans les naseaux ;

Ø ces chevaux se tiennent debout côte à côte et se donnent des coups de queue contre les insectes.

 

                   Dans le groupe, les chevaux restent en lien les uns avec les autres. La perte de ce lien avec le groupe les expose à divers dangers, notamment aux attaques des prédateurs. La distance sociale est donc la distance au-delà de laquelle le cheval commence à s’inquiéter. Il souffre de  l’isolement. Cette distance n’est pas fixe. Ainsi par exemple, elle diminue lorsqu’un danger rend nécessaire une surveillance plus étroite.

         Les chevaux doivent savoir vivre en société, pour cela il faut qu’ils connaissent l’ordre hiérarchique et qu’ils soient capables de le respecter et de le faire respecter. Pour cela, les immatures apprennent  tout l’art du combat. Cela se passe alors de manière ludique à travers des jeux. Puis, plus tard quant ils sont expulsés du groupe car ils représentent une menace pour l’étalon dominant, ils se regroupent en harem composé uniquement de mâle. Ensemble ils passent leur temps à simuler des combats : pratique des coups et des parades. Les morsures aux tendons sont les plus efficaces, donc les chevaux s’accroupissent pour éviter les blessures aux genoux qui mettraient un terme au combat et laisseraient le perdant estropié. Les morsures à l’encolure sont beaucoup moins efficaces.

 

4/ la reproduction et le soin au jeune:            

            Au printemps, les étalons sauvages, qui sont disposés toute l’année, sont pressés de s’accoupler, ils sont donc à l’affût d’un signal naturel : la sécrétion d’un liquide blanchâtre. Cela permet à l’étalon de s’assurer que la femelle peut être fécondée. En effet, la période de reproduction est assez courte (fin mars à début novembre) et dépend des chaleurs des juments. Celles-ci voient leur première chaleur apparaître avec l’augmentation de la luminosité lorsque les jours rallongent, et disparaître progressivement à l’automne si elles n’ont pas été fécondées pendant cette période. Les chaleurs commencent après la mise bas, mais il arrive également que celles-ci ne démarrent pas avant la fin de l’allaitement.

        Le rituel de séduction est à peu près constant chez l’étalon en présence d’une jument en chaleur : contacts auditifs, toilettage, protection vis-à-vis des autres membres du harem. L’accouplement en lui même dure très peu de temps. La jument montre son assentiment en adoptant une posture campée et en relevant la queue. Les fils imitent le comportement du père. Souvent une jument ne peut être saillie que lorsque son poulain est suffisamment grand.

        La gestation dure quasiment un an (11 mois). Les juments mettent bas la nuit pour se protéger des prédateur et d’un seul petit à la fois. Le nouveau-né est sur ses membres une heure après sa naissance. Quelques jours plus tard, il montre son aptitude héritée de ses ancêtres : la vitesse. Les poulains sont indépendants dès leur naissance et se procurent le lait maternel par leurs propres moyens, jusqu’à l’âge de six mois. Cette particularité, que l’on définit en biologie comme le fait d’espèces dites « opportunistes », explique que le fait de fournir la nourriture ne suffit pas à créer un lien affectif.

        Les étalons attendent l’âge de six ans avant de se disputer une femelle, et les fils sont expulsés du harem afin d’éviter tout risque d’accouplement consanguin.

 

5/ leurs besoins nutritifs:              

Leur alimentation affamerait le plus solide des bovins. Leur faculté d’adaptation à tous les régimes alimentaires leur a permis de vivre pour ainsi dire partout (marais salant, désert,…). Le cheval possède un minuscule estomac, il a donc besoin de se nourrir seize heures par jours : les moments où l’absence de sentiment de faim lui laisse le loisir de concentrer son attention sur autre chose que la nourriture sont rare. L’eau est indispensable à la vie, et le cheval boit de trente à soixante litres d’eau par jour. Les équidés ont la particularité d’être pourvus d’un caecum contenant des bactéries et des protozoaires permettant de digérer la cellulose. Cela permet au cheval d’absorber sa nourriture sans la ruminer. Les chevaux broutent des végétaux extrêmement variés. Ils savent reconnaître les plantes comestibles et à quel moment elles peuvent être mangées, ingérée à un mauvais moment une plante tel que le lupin peut se révéler toxique. Certains scientifiques pensent même que les chevaux se soignent par les plantes. En effet, une analyse d’excrément avait révélé qu’un cheval était contaminé par un dangereux parasite, et six mois plus tard, l’analyse se révélée négative : le cheval entre temps s’était soigné. Le cheval assure ses besoins en minéraux grâce à son odorat et à son goût très développés. En effet, ceux-ci lui permettent de trouver les sites riches en sels minéraux dont il a besoin. Ces sites contenant les minéraux essentiels sont beaucoup plus fréquentés par les juments que par les étalons surtout en période d’allaitement. En hiver, quand l’herbe vient à manquer, les chevaux mangent des bourgeons, des feuilles, et même de l’écorce pour calmer leur faim. Leur corps est adapté à ces fluctuations importantes de l’énergie emmagasinée; les réserves énergétiques sont stockées à travers leur musculature toute entière; et non pas seulement dans quelques parties du corps comme c’est le cas chez l’être humain.

         Les chevaux broutent en se déplaçant, ce mouvement permet à l’appareil digestif d’assimiler les aliments rapidement. Près de quarante pourcent des aliments ne sont pas digérés. Les chevaux réensemencent eux même leur territoire.

         Les poulains et les pouliches, quant à eux, s’allaitent environ six mois, et ne commencent à brouter qu’un mois après leur naissance. Ils tètent toutes les demi-heures, ce qui obligent leurs mères à manger continuellement pour subvenir à leurs besoins. Au commencement de leur vie, les poulains mangent certains excréments de leur mère, afin de développer dans leur intestin des colonies de bactéries qui faciliteront la digestion de la cellulose présente dans leur nourriture.

 

6/ la vitesse et la fuite:             

        Des peintures rupestres nous renseignent sur le procédé. Lorsque le lion ou l’ours faisaient face pour combattre, l’homme en profitait pour les transpercer de sa lance. Mais le cheval était un fuyard et, avec une froide logique de mort, le chasseur exploita cette particularité pour l’éliminer. Attirés en haut des ravins, des troupeaux entiers se précipitaient dans le vide au galop. Des monceaux d’ossements brisés en témoignent. Le cheval est rapide parce que la fuite est son unique moyen de défense, il saute des obstacles et s’affranchit de l’apesanteur pour la même raison.

La fuite est un comportement positif pour le cheval. En langage cheval, ce comportement a du sens. Le cheval obéit à son instinct face à une insécurité, méfiance ou peur. La fuite est pour lui un moyen d’issue pour s’éloigner d’un danger et assurer sa sécurité.

         Le guépard détient le record de vitesse des mammifères terrestres : il tient 100 Km/H moins d’une minute. Mais, le cheval, lui peut parcourir plusieurs  kilomètres à une vitesse de 50 à 65 Km/H. Ceci est possible grâce à un mouvement particulier qui fonctionne comme un soufflet : entre deux appuis sur un même pied, il aura inspiré et expiré. Lorsque ses membres se portent vers l’arrière, la cage thoracique est comprimée amenant les poumons à expulsé l’air, puis le cheval étire ses membres antérieurs vers l’avant, alors la cage thoracique et les poumons se dilatent afin de faire entrer de l’oxygène. Cette économie d’énergie lui permet de parcourir des distances bien plus longue que tous les mammifères de même taille. Les chevaux arabes sont réputés pour leur endurance et leur vitesse.

         L’organisme du cheval à élaborer progressivement une meilleure oxygénation : la rate qui contient un nombre de globules rouges bien plus élevé que chez l’homme est proportionnellement plus grande de 2/3 chez les chevaux que chez les autres mammifères. L’adrénaline sécrétée lors de l’activité physique libère ces globules en surnombre doublant le nombre de globules rouges et par conséquent la quantité d’oxygène présente dans le sang. C’est un système de dopage avalisé par la nature.

 

7/  leur intelligence:

        Le cheval est un animal social vivant selon les règles de la hiérarchie de dominance, possédant des sens bien plus aiguisés que les nôtres, une mémoire supérieure : par de grandes capacités d’apprentissage par conditionnement et d’acquisition d’habitudes, et, à l’image des autres ongulés, un développement relativement faible des facultés mentales supérieures. Le cheval a une excellente mémoire visuelle du monde physique et des comportements qu’il a adopté en réponse à ce qui s’est déroulé ; ces comportements que l’on nomme habitudes, se manifestent de manière extrêmement rapide, telles des réponses automatiques. Cette mémoire, d’accès très rapide, est maintenue à long terme. N’étant pas masquée par des processus mentaux plus complexes comme le raisonnement et l’imagination, elle permet des réactions précises et instantanées.

        L’expression de ces réactions est influée par les comportements instinctifs tels que la réponse de fuite (peur), le besoin de rapports sociaux, l’établissement d’une hiérarchie sociale, les pulsions sexuelles, la faim, la soif et de nombreux autres facteurs internes tels que la santé, la vigueur, les hormones,…

        Le DR Evelyn HANGGY (centre de recherches équin) teste l’intelligence des chevaux, pour comprendre comment les chevaux établissent des liens logiques, comment ils réagissent devant un problème et comment ils tentent de le résoudre.

        Le processus d’apprentissage des chevaux est similaire à celui des dauphins, des chimpanzés, de l’homme. Les choix sont fondés sur l’expérience acquise.

Exemple de test d’intelligence :

Après avoir appris à classer des objets par ordre d’importance, on place le cheval devant trois panneaux blancs sur lesquels on va disposer des objets, le cheval doit choisir et désigner le plus important. Si la réponse est correcte, ce qui est le cas dans 90 % des expériences, même après plusieurs mois d’interruption, l’animal est récompensé par de la nourriture.

Le cheval est un animal très évolué qui sait percevoir les incohérences. Si on place devant l’animal une série d’objet, il sait désigner celui qui n’appartient pas à la série. Il est doué de raison et effectue des choix fondés sur les variations de son environnement.

En dépit de sa remarquable mémoire, ses capacités d’association restent limitées. Les décisions d’agir d’une certaine façon ne sont pas chez le cheval le produit d’une approche réfléchie, comme c’est le cas chez l’être humain ; elles sont plutôt une représentation directe des circuits neuronaux les plus renforcés dans son cerveau et de ses pulsions et instincts naturels, comme la peur, la dominance, la curiosité…

Si le peu d’expansivité du cheval s’explique ainsi par divers arguments d’ordre évolutif et biologique, reste que les équidés sont des mammifères, ce qui les rapproche de l’homme. Leur cerveau est développé et, d’après les études menées par les spécialistes que sont les éthologues cognitifs, ils ont des capacités intellectuelles et émotionnelles notables au sein desquelles le potentiel affectif tient une grande place.

 

8/ les comportements induits par les sens:

L’animal émet et capte des signaux, il est ainsi continuellement en interaction, en communication avec le monde extérieur. Cette interaction s’établit par le biais d’organes des sens ou systèmes sensoriels périphériques. Ces systèmes sensoriels (l’œil, l’oreille, le bulbe olfactif, le poil,…) permettent à l’animal de percevoir son environnement. Le cheval dispose de ces cinq sens. Ses systèmes visuel, auditif, tactile, olfactif et gustatif lui permettent ainsi de détecter de la nourriture, de reconnaître un partenaire, de percevoir un danger, de se situer dans l’espace,…

        Le comportement du cheval, c’est à dire l’ensemble de ses mouvements et de ses attitudes, est donc étroitement lié à cet équipement sensoriel et surtout à l’expérience acquise par celui-ci au cours de stimulations variées de la naissance à l’âge adulte. La stimulation de cet équipement sensoriel par des éléments de l’environnement (le vent, la température, le degré d’illumination, les saisons, le territoire, les congénères,…) donne au cheval la capacité d’adapter ses comportements (tels qu’alimentaires, sociaux, sexuels, d’éveil, d’agressivité,…) en fonction des modifications qui surviennent autour de lui.

         La bouche du cheval est un moyen de communication à la fois tactile et gustatif. Les lèvres et la langue permettent en effet de toucher, de goûter et donc d’entrer en contact avec la nourriture, l’eau, les objets, un congénère,…Lèvres et langues transmettent donc des sensations tactiles et gustatives. A ces sensations s’ajoutent aussi les sensations olfactives : il existe en effet une interaction quasi constante entre l’olfaction et le goût. La langue du cheval a la même structure physiologique que celle des humains et détecte également les quatre mêmes goûts fondamentaux (sucré, salé, amer et l’aigre). Le goût permet au cheval de sélectionner la nourriture. Le cheval a en effet des préférences dans les aliments. Le goût donne une information sur la valeur nutritionnelle des aliments. Il sait ce qui est bon et ce dont il a besoin. La sensation gustative joue un rôle de contrôle sur la qualité de la nourriture. Le goût régule la digestion en stimulant la sélection d’enzymes nécessaires à la bonne digestion des aliments. Le goût a aussi une fonction d’apprentissage chez le jeune cheval, apprentissage de ce qui peut être ingéré ou rejeté. Cet apprentissage se fait notamment par imitation de ces congénères.

        Les chevaux ont entre eux un langage gustatif que l’on retrouve à travers l’allaitement, le léchage, le toilettage,… Le goût intervient donc aussi comme les autres sens dans la communication entre les chevaux pour se reconnaître, s’attirer, s’accoupler. La jument sent le poulain, le touche et le lèche ; elle reconnaît son poulain en le goûtant et en le flairant.

Un champ visuel est l’espace dans lequel la rétine d’un œil immobile perçoit les rayons lumineux. C’est la surface entière qu’un animal peut voir sans bouger la tête ni les yeux. De cette surface, chaque œil en couvre une partie qui constitue son propre champ visuel. Dans le cadre de cette définition, le cheval a un champ visuel global (pour les deux yeux) qui est panoramique (de 330 à 350°) et donc plus grand que celui de l’homme. Toutefois, contrairement à l’homme, ce champ de vision est essentiellement monoculaire, soit environ 150° de vision monoculaire de chaque côté. La vision binoculaire du cheval ne couvre donc qu’un champ visuel réduit de 30° à 70°. La position de leurs petits yeux placés de façon saillante et sur les côtés de la tête explique le vaste champ visuel du cheval et son faible champ de vision binoculaire. Malgré ce vaste champ visuel, le cheval a deux zones aveugles : il ne peut en effet pas apercevoir ce qui se trouve juste devant lui (à courte distance du bout de ses naseaux), au niveau du chanfrein et du front ainsi que ce qui se trouve derrière la tête et l’encolure.

Le cheval voit différemment. En effet, la juxtaposition des champs visuels de l’œil droit et de l’œil gauche couvre un espace réduit (30° à 70°) ce qui limite la possibilité du cheval à orienter le regard des deux yeux vers un même objet. La vision monoculaire du cheval couvre par contre un large espace et le cheval voit indépendamment les objets qui se situent à sa droite et à sa gauche. La fusion d’images transforme la vision simultanée d’un objet par les deux yeux en une vision binoculaire. Elle permet la vision en relief et l’appréciation de la profondeur. Or relief et profondeur sont deux difficultés de vision chez le cheval étant donné que sa vision binoculaire est réduite. Il voit plutôt les objets à plat ce qui peut être source de peur vis à vis de certains objets. Par exemple devant une flaque d’eau, le cheval fera un contournement s’il n’est pas habitué. Le cheval sursaute et s’effraye plus facilement lorsqu’il est approché à l’improviste directement par derrière plutôt que latéralement. En effet, la zone aveugle arrière ne lui permet pas de voir sans se bouger.

Les chevaux ont  une excellente vision nocturne et ils distinguent le moindre mouvement. 

Au cours de son évolution, le cheval a sélectionné un mode de communication avec ses congénères basé essentiellement sur un code visuel. En effet, contrairement aux prédateurs, les proies s’effacent instinctivement, pour ne pas attirer l’attention de ceux qui peuvent les convoiter. De ce fait, les expressions bruyantes sont absentes du comportement des chevaux.

            L’odorat est très développé et joue un rôle essentiel dans la communication. Les mâles adultes ne possédant pas de harem dépose du crottin par dessus celui d’un autre étalon marquant ainsi son territoire. L’odeur des excréments apportent des informations sur la santé et la puissance sexuelle d’un rival. Les odeurs pénètrent dans les cavités nasales profondes du cheval à chaque instant au cours de sa respiration, mais aussi spécialement lorsque le cheval renifle pour sentir. Sur leur surface interne, les naseaux sont tapissés par une muqueuse formée de cellules olfactives qui captent ces odeurs. Ces cellules acheminent les signaux chimiques olfactifs par l’intermédiaire du nerf olfactif vers une structure complexe appelé bulbe olfactif. Le bulbe olfactif, particulièrement développé chez le cheval, véhicule les informations olfactives vers le cortex cérébral (conscience) et certaine région du système limbique (réaction, émotion). Les cavités nasales communiquent également avec la cavité buccale, ce qui permet une interaction entre les deux sens que sont l’olfaction et le goût. L’organe voméro-nasal est un organe tissulaire (+ 12 cm de long) situé de part et d’autre de la cloison nasale située entre les deux naseaux. Cet organe est innervé par les fibres sensorielles du nerf olfactif qui communiquent au niveau du cerveau avec les régions du système limbique. Cet organe, aussi appelé l’organe de Jacobson, présent chez la plupart des mammifères, est particulièrement développé chez le cheval. Il est spécialisé dans la détection des phéromones. Les phéromones sont des substances chimiques sécrétées à l’extérieur de l’animal et détectées par un autre animal de la même espèce. Elles transmettent donc des informations entre individus de même espèce. Elles sont responsables d’une interaction entre les chevaux et peuvent avoir soit un effet stimulant sur le comportement sexuel, soit en déclenchant l’alarme, soit un effet favorisant la reconnaissance et l’attraction entre congénères… De nombreuses odeurs sont émises dans les urines, les fécès, les glandes cutanées et génitales. L’odeur est déposée soit sous forme volatile dans l’air, soit sous forme de sécrétion sur le sol ou toute autre surface entraînant un marquage odorant. L’organe voméro-nasal est important dans le contrôle et la coordination de l’activité sexuelle. Dans ce sens, le flehmen est un processus olfactif intervenant essentiellement dans l’activité sexuelle : le cheval en tendant son encolure et sa tête vers la haut, retrousse la lèvre supérieure découvrant l’organe voméro-nasal dont l’entrée des conduits se trouve dans le dôme du palais et inspire bruyamment. Il agit ainsi lorsqu’il veut mémoriser ou analyser une odeur, comme la jument à la naissance de son poulain, ou l’étalon lorsqu’il croise les crottins d’un autre étalon ou l’odeur d’une jument en chaleur.

         Le comportement du cheval dépend énormément du sens de l’odorat permettant ainsi, à titre d’exemple, les réaction suivantes :

ØLe choix, la sélection ou le refus de nourriture ou toutes autres substances,

ØLe détection d’une alerte (odeur d’un prédateur, odeur de fumée,…),

ØLa reconnaissance et la distinction par une jument de son poulain,

ØL’identification naseaux contre naseaux entre deux chevaux soit pour s’apprécier, soit pour s’agresser,

ØLa reconnaissance d’un congénère à distance par les phéromones ;…

Le sens de l’odorat est donc un moyen de communication pour recevoir, « interpréter » et réagir à des informations sur l’environnement. Tous ces comportements sont régulés par l’olfaction et permettent la survie de l’animal et de son espèce. Ce que le cheval renifle a donc une influence directe sur son comportement.

 

9/ le sommeil:

            Les chevaux dorment debout et adoptent trois positions différentes qui correspondent à des phases de sommeil plus ou moins profondes :

Ødebout : le cheval dort peu profondément, c’est une sorte de sieste qu’adoptent souvent les chevaux entre deux périodes de travail ;

Øen décubitus sternal : autrement dit « en vache », le cheval dort d’un sommeil lent, il n’est pas complètement détendu ;

Øen décubitus latéral : complètement détendu, le cheval peut alors passer à des phases de sommeil paradoxal, c’est à dire qu’il rêve ; on peut le surprendre en train de ronfler, d’agiter les membres ou de contracter ses muscles au gré de ses rêves.

        Les chevaux dorment en moyenne cinq à six heures par jour dont une demi heure de sommeil paradoxal : en effet, la principale partie de leur temps est consacré à l’alimentation. Le poulain a besoin de deux fois plus de temps de  sommeil, et rêve beaucoup plus souvent. Il ne lui est pas nécessaire de chercher de la nourriture puisqu’il tête.

 

Conclusion :

En Mars 1993, sept chevaux de Przewalski foulèrent le sol de la Lozère. C’est en effet sur le Causse Méjean, en limite du parc national des Cévennes, qu’est mené un ambitieux programme de réintroduction de cette espèce dont l’expérience a montré qu’elle arrivait à se reproduire en captivité. Mené par le WWF et l’association Takh, ce programme coûteux n’a qu’un but et surtout un espoir : parvenir en quelques années à reconstituer une population sauvage capable de parcourir à nouveau les steppes mongoles. En 2001, le parc du Causse Méjean compte trois harems de chevaux de Przewalski, dont un n’étant composé que de jeunes étalons. Le Premier ministre de la Mongolie, sensibilisé par cette action, a offert un terrain pour permettre cette réintroduction. Celle-ci devrait bientôt avoir lieu. 

 

Summary :

          Przewalski horse is the last wild horse in the world. But it doesn’t continue a frame of wild. There are survey on the reintroduction of Przewalski horses. The horse is a gregarious animal. It live in herd. This harem is compounded of one stud-horse, three to four males and their progenitors. Their social structure is very definite and applies a lot custom. Their sight, their hearing, their smell, their taste allow horses to detect their food, to recognize a partner, to perceive a danger, to be situated in the space… The horses are fugitive. They are coward. Then, they are to put on the speed. They graze 16 hours/day and sleep 6 hours/day. The horse possess a memory quickly accessible and this memory is maintain in the long term.

 

Bibliographie :

Livres

«  L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » de Nicholas EVANS ( Albin Michel - 1995)

Dictionnaire de la Langue française

Fiche technique de la préhistoire des éditions Atlas

 

Sites internet

Htpp://ibelgique.ifrance.com/ipo3api/chevaux/éthologie

Htpp://www.handicheval.ch/Corps/chevaux/Divers/Ethiologie

Htpp://www.cavadeo.com

Htpp://ourworld.com

 

Contacts

L’association Takh: 1, rue du foin  à Paris

Le Parc National des Cévennes-domaine du Causse Méjean :

Mme Claudia FEH (éthologue)

 

Retour en haut de page